Tout commence le 8 décembre 2013, sur
le parcours de la Saintelyon où j'ai mollet qui explose dans un trou caché par
la neige...obligé marcher 1h pour rejoindre le point de contrôle et prendre le
bus des abandons...horrible!!!! Depuis dans la tête je voulais la revanche!!
Revenir sur cette course et la finir, la dompter...
2014 Marathon des causses en
couple au festival des templiers et fête
des lumières
2015 Intégrale des causses au festival
des templiers
2016 allez...saintelyon !!!Episode 2,
la revanche !
Rendez-vous est pris avec mes
acolytes Seb et Stephan. Pour Stephan cela sera ça 5eme et Seb la 3eme. Moi, vraie première !
En juin, on s'inscrit tous, même Jasmine, qui fera le 44km avec Delphine, la femme de Stephan. Pour elles, gros défis :
première longues distances et en plus de nuit !!!
Il faut alors se préparer. Seb qui
aura participé à l'UTVercors, aura un gros entraînement, et Stephan qui fera un
marathon, sera pret aussi pour du long. Pour moi qui n'est pas fait de long
cette année, il va falloir assurer et bien s'entraîner pour pouvoir suivre les
amis. Dans un couple de coureurs avec jeunes enfants, pas facile de faire comme
on veut tout le temps, mais on s'organise plutôt bien. Les semaines des
préparations passent, j'ai du coupé 10 jours complets pour un petit soucis de
santé, mais ensuite c'est bien reparti !
15 jours avant le jour J. Je coupe
les entraînements à pied pour ne faire que du vélo, histoire de ne pas trop me
casser les pattes.
Samedi 3 décembre, départ pour Lyon,
chez notre superbe hôtesse et championne de la logistique: Bénédicte! (Femme de
Seb) Elle nous aura bien supporté et aider pour ce long week-end qui aura été
aussi fatiguant pour elle ! Merci encore !!
Un bon repas de pâtes, un petite
sieste l’après-midi puis vers 17h, on termine de préparer les sacs et le matos.
18h00, les filles pendront leur
dernier repas avant de nous quitter vers 18h30 pour rejoindre les navettes pour
leur départ.
19h c'est à nous de prendre notre
repas...de pâtes. Un super repas, encore merci Bénédicte !
Puis on se prépare, dernières
vérifications du matériel et des vêtements.
Nous devons maintenant prendre la
voiture pour rejoindre la gare et prendre le TGV jusque St Etienne. Cependant,
cela ne se passera pas vraiment ainsi. En effet un ami de Stephan l'appelle de
la gare pour lui annoncer que le train a 1h de retard. Le stress monte, c'est
juste au niveau timing...que faire...après réflexion, c'est encore super Bene
qui va nous aider. On décide d'aller en voiture à St Etienne, Bene nous
accompagne donc jusque là-bas puis et repartira une fois nous avoir déposés ! Moins
de stress et bien à l’heure ! Merci encore à elle !!!
Saint Etienne, direction la zone de
départ. Il y a déjà beaucoup de monde, il est 21h30.
Après le passage des zones de
sécurité, nous rejoignons la tente de la marque Mizuno. En effet Stephan qui a
participé aux entraînements organisés par la marque, doit retrouver le coach et
le groupe, pour bien enregistrer sa présence et la nôtre pour une surprise...Présence
validée, nous avons même le droit à un bracelet lumineux Mizuno.
Maintenant le plus dur, se trouver
une place dans cette grande salle, où chacun cherche un coin pour se poser, se
changer, se restaurer, et se préparer pour la course. Il est 22h. Je me pose
dans un coin d'escalier pour reposer mes paupières et mes jambes pendant une
petite demi-heure. Puis l'effervescence gagne la salle. Les coureurs se
préparent, mangent leur ration énergétique, se réveillent musculairement.
Cette année, pas de départ en masse,
mais par vague de 1300 coureurs. Nous savons déjà que nous serons dans la vague
3 avec le groupe Mizuno. Ceux qui veulent faire partie de la première vague
vont bientôt sortir pour aller se placer, car c'est un peu, premier arrivé,
premier servi !
Connaissant notre vague et la
surprise qui va avec, on se prépare doucement puis à 23h15 nous allons déposer nos
sacs dans les camions qui retournent à Lyon.
23h30 on se regroupe avec le
"Team" Mizuno. Nous devons
rester ensemble...23h40 direction la ligne de départ. La première vague avec
les élites part sous la chanson de U2. Nous suivons le coach Mizuno, nous
longeons les sas des troisièmes et deuxièmes vagues pour se positionner au
niveau de l'arche de départ ! Et Oui la surprise est que nous allons être placés
tout devant notre vague de départ !!! Cela va être fantastique !!!
23h50, la deuxième vague part, puis
l'organisation prépare un sas juste devant la troisième vague, c'est pour nous
! Nous enjamberons les barrières pour nous placer pile sous l’arche !! Un
moment unique et merveilleux !!! On est devant ! Devant des centaines de coureurs
! Devant nous, le speaker, les caméras, les lumières! On a vraiment
l'impression de participer à la fête !! D'ailleurs on va mettre de l'ambiance,
chanter, danser, rigoler, nous sommes de vrais gamins avant la récréation !!!
0h00....c'est à nous, notre course commence
! Tellement heureux d'être partis devant que nous ferons chacun un petit sprint
pour être premier à tour de rôle et voir derrière nous, tous nos camarades
d'aventure ! À ce moment-là, on oublie qu'il est minuit, qu'on va faire une
nuit blanche à courir pour faire 72km à pied ! Mais je me dis aussi que les
élites sont drôlement avantagés à partir devant tout le monde...
Après avoir joués les gamins pendant
10min, nous nous mettons au pas, prenant notre rythme, sans partir trop vite.
Les premiers kilomètres sont faciles, c'est en milieu urbain, donc éclairé et
goudronné. Il fait juste faire attention de ne pas se prendre les pieds dans
une bordure de trottoir ou un nid de poule...
Stéphane, un camarade de Stephan,
rencontré lors de ses entraînements Mizuno, se joint à nous. Nous partons donc
tous les quatre à bon train, en se surveillant pour ne pas se perdre, le but
serait de pouvoir finir ensemble. Nous avons même prévu des lumières
clignotantes sur l'arrière de nos sacs pour nous repérer au cas où !!
Au bout d'une heure, nous entrons
dans le vif du sujet, avec les chemins et la frontale qui s’allume !
Nous avons un bon rythme. Je suis
bien, j'ai trouvé mon rythme de croisière. Un rythme qui par la suite va me
surprendre...
Chacun trouve sa place par rapport
aux autres, un coup derrière, un coup devant, on s'appelle, on se rassure, nous
sommes toujours à quatre...Mais Stephan commence à montrer des signes de
faiblesses, il ne se sent pas bien. Le rythme ralenti, son ventre commence à le
taquiner...on s'arrête, on l'attend, on se motive, "il faut finir
ensemble", on repart...mais avec le monde on finit par se perdre...avec
Stéphane, je décide d'aller au premier ravito tranquillement, pour que Seb et
Stephan nous rejoignent. Nous marchons en vue de la tente, puis nous arrêtons à
l'entrée du stand. Nous patientons...deux minutes...quatre...Stephan et Seb arrivent,
mais ça n'a pas l'air d'aller pour Stephan...
On ne passe pas par la case
ravito...on avance mais sortie de la zone, Stephan ne va pas bien, mal de bide,
envie de vomir. Il veut arrêter...et nous dit de partir...pincement au cœur
pour tout le monde...on tente de l'encourager, mais pour lui impossible de
continuer. Il nous dit qu'il veut aller jusque Sainte Catherine, le deuxième
ravito, et là sûrement prendre les navettes de retour...
Ça m'attriste de voir Stephan dans
cet état, suis désolé pour lui, surtout que ça me rappelle ma mésaventure de
2013...
Nous repartons quand même, Stéphane
après quelques mètres nous dit de ne pas se préoccuper de lui et de ne pas
l'attendre, il restera avec nous tant qu'il peut, mais il fera ensuite sa
course... Malheureusement encore, nous apprendrons le lendemain, qu'il se sera
arrêté à Sainte Catherine...
Dans ma tête, l'envie de finir cette
course est encore plus forte. La méforme de Stephan et mon abandon de 2013, me
boostent, d'autant plus que les jambes sont là. Je me dis alors qu'avec Seb,
nous pouvons faire une belle course tous les deux ! Nous continuons alors
tranquillement, entre sentiers, chemins, et quelques portions de bitume. Dans
les villages, des gens ne dorment pas! Il est pourtant 3h du matin, et ils sont
là, pour nous encourager, pour encourager des fous qui courent de nuit par -4
degrès! Mais de voir tout ce monde, ça chauffe et ça motive !! Dans ma tête je
suis heureux, tout va bien et je me sens bien! Je cours, l'allure est bonne,
j'ai comme la sensation de marcher, de me promener. Tout à coup, le chemin qui défile sous mes
pieds me rappelle des souvenirs...et Oui nous approchons de Sainte
Catherine...je reconnais les derniers kilomètres que j'avais fait en marchant
il y a 3 ans. Mais cette fois, je suis sur mes 2 jambes intactes !! Et je
cours, je vole. Encore quelques mètres et je vais enfin rentrer dans ma course,
car je vais enfin entrer dans l'inconnu du parcours!! Je vais enfin passer
Sainte Catherine! Pour moi c'était mon premier objectif, arrivée à Sainte
Catherine et faire un doigt d'ho......à la file de bus qui m'avait avalé il y a
3 ans! Nous arrivons au ravito avec Seb après 3h17 de course. Je dois remplir
mes gourdes et Seb passer aux toilettes. Pour moi mauvaise surprise, pas de
boisson énergétique pour ravitailler, alors que l'organisation avait dit qu'il
y en aurait!! J'improvise alors une nouvelle boisson. Eau, sirop de citron et
coca! Je prends le risque que ça ne passe pas, mais tant pis...
Je sors alors de la zone de ravito
pour rejoindre Seb, mais impossible de le retrouver. Je fais marche arrière, je
crie...personne. Il y a la queue au wc,..peut-être y est-il encore...j'en
profite alors pour faire moi aussi une vidange en l'attendant. Mais toujours
personne, alors je repars. Et là, émotions…je passe à côté des bus...des larmes
me montent aux yeux...je regarde les coureurs dans les bus...je sais les gars,
mais cette fois pas question de bus pour moi!!!
Je continue et prends mon téléphone,
Seb m'envoye un SMS. Il est devant. Je reprends donc mon allure. Je double
quelques coureurs et je cherche une petite lumière clignotante sur un sac.
Après quelques minutes en voici une! Je repère le bonnet blanc...Oui c'est bien
Seb!
Quelle bonne idée cette petite
lumière sur nos sacs. Nous avions prévu de nous en mettre une pour ne pas se
perdre ou pour pouvoir se repérer! Et bien plusieurs fois elle aura été
utile!(car en plus malgré le nombre de coureurs, très peu en avait!)
Nous réformons notre duo à la sortie
de Sainte Catherine. Derrière nous le spectacle est magnifique car nous voyons
une guirlande de lumière qui descend dans la nuit vers le village, Superbe!
Pour moi tout est ok, les jambes sont
bonnes, la tête aussi, je suis souvent devant et Seb me dira alors que j'ai des
jambes de feu, mais qu'il n'est pas sûr de pouvoir me suivre. Il faut dire
qu'il été pris par un rhume depuis quelques jours. Quand il me dit ça, pas
question de finir seul, je lui dit que c'est bon pour moi, je l'attendrai.
À mi-course, nous allons rencontrer
la grosse difficulté du parcours. Un montée sèche, à 16% sur 800m dans les bois. Si pour le moment nous
n'avons pas été ralenti par le nombre de coureurs, cette fois, ce mur va créer
un léger bouchon. L'allure est ralentie, impossible de doubler de part le monde
et de part la difficulté. Heureusement ça ne glisse pas. Le silence règne,
brisé parfois par des cris de prénoms de coureurs qui se cherchent. Nous
arrivons enfin en haut. Cette montée m'aura paru interminable ! Je m'étais dit qu'il
faudrait relancer en arrivant au bout. Mais il faudra plutôt reprendre un peu
de souffle! Nous reprenons la course, mais bientot Seb me dit de partir, il ne
se sent pas de me suivre. Sur le moment je ne veux pas, car je veux vraiment
finir ensemble. Il me redit encore une fois de partir et de faire ma
course...je suis embêté...Alors je propose de partir jusqu'au ravito, et comme
moi je suis du genre à faire le plein et pas lui, on se retrouvera là-bas. Ok.
Je pars donc à mon allure, en prenant
soin de continuer à me ravitailler comme il faut et comme je fais depuis le
début. Boire très régulièrement de petits gorgées et manger des morceaux de
barres énergétiques aux fruits compressés toutes les 30 min. Pour le moment
cette stratégie fonctionne bien et vous savez quoi, ma boisson citron/coca passe
très bien!
J'arrive en vue du ravito de St
Genoux, 39km en 4h57. Cette fois je retire mes gants pour remplir mes gourdes
et manger (sans avaler de petites peluches). Je prends mon temps histoire de ne
pas rater Seb. Je mange des tucs et des morceaux de bananes. Et je rempli mes
gourdes avec cette fois de la boisson énergétiques ! Ouf! Je remets le sac sur
le dos, remets mes gants, puis je scrute les coureurs pour essayer de voir Seb.
Je marche pour sortir de la zone de ravito, puis je reçois un SMS. C'est Seb.
Il me dit « je sors du village, avance ». Ok, je me dis, il ne s’est
pas arrêté, c'est bon je repars, on va se retrouver.
Je reprends mon allure, je double
quelques coureurs, je surveille au loin les petites lampes qui clignotent. Mais
je n'en vois pas...peut-être ai-je mis trop de temps à me ravitailler...je
décide d'accélérer.
Au bout de quelques kilomètres,
toujours pas de Seb…Je me dis alors qu’il a surement retrouvé un second souffle
et que je ne pourrai le rattraper…Mais au détour d’un virage, au loin je vois
une lampe qui clignote ! Sauvé, allez, une nouvelle accélération. Il doit
avoir 300m d’avance, c’est faisable ! Je repars donc de plus belle. Le
chemin est assez large, légèrement montant, je double plusieurs coureurs et me
rapproche de Seb. Le chemin se met à descendre doucement, cela m’aide dans mon
accélération. Je suis content, je me rapproche bien, on va pouvoir continuer
tous les deux. Me voici à quelques dizaines de mètres et…ce n’est pas
lui ! Zut ! Tous ces efforts pour rien ! Je me suis mis un peu
dans le rouge. Je décide alors de marcher...cela fait dejà plus de 20 minutes
qu’on ne se trouve plus. Je ne pourrai plus rattraper Seb. Après avoir repris
mon souffle, je décide de prendre mon tél, pour lui envoyer un message en lui disant
qu’il continue à son rythme et que je n’arrive pas à le rejoindre. Au moment où
je commence à taper mon sms, je reçois un message de Seb :
- Où
es tu ?
- …..
Je réfléchis…
- Je
suis au kilomètre 44km et toi. Me dit-il.
Et là, moral qui descend…Je suis beaucoup
moins avancé. Je regarde alors ma montre et…surprise, je suis au kilomètre 46.5…Re-Zut !
Je suis devant ! Seb n’était pas à l’avant ! Pensant cela, j’ai
accéléré et creusé l’écart ! Cela peut paraitre étrange, je me suis
demandé comment cela était possible. Mais après réflexion, peut-être que le
réseau gsm n’était pas bon et que les messages se sont croisés dans un mauvais
timing !
Seb me dit alors de continuer et de
faire ma course. Dans ma tête je me dis alors que c’est parti pour 30km seul,
mais connaissant Seb je me disais bien qu’il allait revenir.
Je continue, je reprends doucement
mon allure. Je continue à reprendre des places.
Le chemin est toujours sec et dur à
cause la météo. Il fait toujours aussi froid, mais pas de brouillard : un temps idéal! Sur le parcours, ça glisse parfois légèrement par endroit
mais ce n’est pas trop gênant.