Le 30 mai 2010 pendant une sortie vélo avec mon père, celui-ci me propose de participer à la cyclosportive Paris Roubaix (175km avec les fameux secteurs pavés !). Sur le coup je ne sais pas trop quoi répondre. Je suis très tenté car une sortie si grande me tente bien et me permettrait de savoir si je peux tenir sur la durée. Cependant le grand stress me vient à la pensée des secteurs pavés…Je ne suis déjà pas en confiance lorsque je roule sur des routes dont l’état est moyen, alors là des gros pavés….Je réfléchirai pendant 3 jours, puis à la vue de la météo qui s’annonce estivale et des photos de la dernière édition, je dis banco !
Etant donnée que je dois rentré sur château Thierry le soir, nous décidons de partir très tôt le dimanche matin.
Après un réveil à 4h du matin, nous partirons d’albert vers 4h50, pour arrivée vers 6h sur le lieu de départ à Bohain en Vermandois, à coté de Saint Quentin. Beaucoup de monde est déjà présent, et certains arrivent même en bus et de partout ! Il faut dire que sur les 2700 paricpants, il devait y avoir 50% d’étrangers, italiens, suisses, anglais, etc…
Le temps de s’inscrire, de récupérer le « passeport de la journée » qu’il faut pointer à chaque point de ravito, de se préparer, nous décollerons de Bohain avec nos montures vers 6h30.
Les prévisions météo qui avaient bien changées en 2 jours, annoncées des températures élevées et des orages. Nous partirons sous le soleil et la chaleur, mais très vite au loin, les nuages se feront menaçant !
Nous voilà partis pour les 175km et les 27 secteurs pavés :
Le début s’effectue tranquillement, mon père veut rattraper un groupe d’italiens partis juste devant nous, histoire de faire la route en groupe. Mais au bout de 5km nous passons devant car ils n’avancent pas et rigolent pas mal. Le premier secteur pavé arrive vite et pour moi le stress est à son comble. Alors que la moyenne était de 27km/h, je vais soudain rouler à 15km/h !! les premiers mètres sont terrifiants car la première chose qui vient à l’esprit « est ce que la machine et les roues vont tenir ? » Une fois les premièrs mètres passés, je me reconcentre très vite sur mon guidon car les secousses sont phénoménales !!! ça tremble de partout ! Il faut trouver la bonne position ! sur ce premier secteur, j’ai même les mollets qui tremblent et j’ai l’impression de ne pas tenir sur mes pédales ! Il faut tout contracter ! Puis c’est les bras et les mains ou les sensations vont être les plus fortes !! Comment de tenir le guidon, comment mettre les bras ?? Il me faudra plusieurs secteurs pavés (presque 20..) pour trouver une bonne position ! Tantot mes mains sur le dessus des freins tantot sur le haut du guidon, tantot sur le coté, c’est horrible et de plus il faut se concentrer sur la route pavée pour ne pas chuter ! Heureusement c’est sec donc ça ne glisse pas….pour le moment… Bientôt les italiens qui étaient derrière nous, vont nous dépasser et on ne les reverra plus…d’autres aussi nous dépassent. Il faut dire que « tétaniser pas le stress » je n’arrive pas à aller vite. Et je suis même impressionné par les cyclo qui nous doublent, ils roulent à une allure « folle » comme si il n’y avait pas de pavés….pour moi ça me parait irréalisable…Le premier secteur pavé passé, je suis heureux de retrouver le goudron, mais je me demande si je vais tenir jusqu’au bout… Une fois sur la route on relance bien, la vitesse et de nouveau bonne. Puis un nouveau secteur pavé, et les premières crevaisons arrivent. Les gens s’arretent et réparent. Cela ne me réconforte pas… Comme je peux, j’attaque le 2eme secteur, je suis lent, mon père m’attend à chaque sortie de pavés… Je n’en reviens toujours pas, comment peut on rouler avec un vélo de qq kilos et si « fin » sur des routes, des chemins comme ça ? Je me dis que je serai bien mieux sur mon vtt ! De plus le pire de tout c’est cette sensation d’éternité…les secteurs ne dont que quelques hectomètres mais l’impression d’être prisonniers du temps est très forte !! Enfin après 30km nous arrivons au 1er point de contrôle. Nous sommes dans les premiers, et une fois le tampon sur la carte, nous repartons. Ma mère qui va nous suivre sur le parcours en voiture, est là pour les premières photos et pour les premières sensations… « c’est terrible !!! » Nous repartons toujours motivés et toujours sous un ciel clément.
Mais plus loin, je me rappelle que j’ai laissé ma veste d pluie dans la voiture…je croise les doigts. Nous rejoingnons un groupe de cyclo de péronne avec qui mon père discute un peu. Ils sont 5 dont 2 sont en Vtt, les chanceux ! Nous apprenons qu’ils ont déjà fait une reconnaissance d’une partie du parcours il y a 1 mois, et nous donc des infos sur les prochains secteurs, la longueur et la difficulté. Je prends la décision de prendre de l’avance sur le goudron (quelques centaines de mètre) car je sais que je vais me faire doubler sur les pavés. A chaque entrée sur un secteur pavé, je me motive, et je me mets dans une sorte de bulle, concentré sur les pavés et mon guidon. Le pire c’est quand la section est en pente descendante, j’ai presque les freins qui fument ! Bientôt arrive le premier secteur pavé où je vais être très à l’aise et où je vais meme doubler des cyclos…ce secteur monte et j’arrive à maintenir une bonne allure et j’ai moins peur de la chute. Cependant comme ce qui monte à tendance à redescendre je vais très vite moins fanfaronner, et ralentir fortement. De plus la section est assez longue (enfin façon de parler). Arrivés en bas, maman est là pour un petit ravito, et j’en profite pour uriner…il faut dire qu’en 3h de vélo, j’ai déjà fait 3 ou 4 fois…et à chaque sortie de section pavé ! Je pense que je suis tellement contracté et stressé à ces moment là, que j’ai de grosses envie de pipi à chaque fois !
On mange vite quelques barres et on s’hydrate puis on repart ! Direction maintenant le prochain point de contrôle et le secteur pavé de la Forêt d’Arenberg dans 17km et que du bitume..ouf !
Les nuages se transforment et noircissent et j’ai encore oublié ma veste pluie…La portion route se passe très bien, comme toutes les autres !
Nous arrivons vite à Arenberg, le point de ravito se trouve dans une ancienne mine de charbon.
Cette fois nous mangeons un peu plus, un peu de sucré et de salé, encore un pipi et cette fois à la vue du ciel noir, je mets ma veste de pluie et mes manchons. Ma mère part dans la fameuse tranchée d’Arenberg pour prendre les photos. Puis nous partirons aussi. 2 kilomètres plus loin nous arrivons dans la tranchée, et qui est là pour nous accompagner ? La pluie ! Elle est là ! Après avoir jouer au chat et la souris avec les nuages, ils nous ont rattrapé et ne vont pas nous ratés ! ce sont de grosses goutes qui tombent ! Nous sommes un peu à l’abri sous les arbres mais cela ne va pas durer ! Il faut être attentif à la route pavée et doubler de vigilance car c’est aussi un coin très fréquentait par les coureurs à pied ! Au bout des 2400m de pavés, cette fois c’est le déluge qui tombe ! La pluie est forte, on ne voit rien à plus de 50m, heureusement nous sommes sur la route et nous roulons à bonne allure. Mais la pluie de cesse pas et redouble d’intensité, et pour accompagner la pluie voici que l’orage arrive aussi ! ça devient l’enfer !! Et mon père qui redoutait la pluie, s’inquiète alors sur les prochains secteurs pavés et le reste du parcours ! ça va être boueux, glissant, dangereux, bref des conditions dantesques !!
Déjà que je n’allais pas vite sur les pavés, mais ça va être encore pire ! Toujours nous verrons ces crevaisons à droite et à gauche, peu de glissades, bientôt certains concurrents feront des morceaux de sections sur pavé à pied. Je fais tout pour rester sur ma monture. Avec la pluie la vision est réduite, les joints entre les pavés se creusent et deviennent de vrai pièges pour nos roues fines et s’ajoute à cela les pavés qui sont glissants ! Mais rien ne nous arrêtent, doucement mais surement nous accumulons les kilomètres et les secteurs pavés ! La pluie moins forte continue de tomber et parfois fait une pause.
La pluie s’arrête… Je vais alors me rendre compte à quel point je suis concentrer sur les pavés. Entamant un nouveau secteur pavé, je me concentre bien sur ma trajectoire et sur mon guidon. Je ne sais plus où mettre mes mains, il faut dire que les multiples secousses répétées commencent à me faire mal du bout des doigts jusqu’aux épaules, le pire étant les articulations des phalanges et mes biceps…bref je n’arrive pas à laisser mes mains plus de quelques secondes sur la même place sur le guidon. Cette section est des plus longues, 3700m à la sortie toujours cette envie de pipi, et je remarque qu’il pleut à nouveau. Mon père me fait remarque qu’il pleut depuis presque l’entrée de la section, mais voilà tellement concentré sur mes mains, mon guidon, les pavés et les douleurs, que je ne m’en étais pas rendu compte !! La pluie va de nouveau s’intensifier ! Et l’orage va revenir ! Nous sommes trempés et rincés dans tous les sens du terme ! Nous avons fait la moitié du parcours ! Et c’est au nouveau point de contrôle que nous allons arrivés, il ne doit pas être loin de midi, et cette fois-ci il y a même des sandwichs au menu ! Ça fait du bien ! Cependant même si cette arrêt fait du bien, il va être traitre car, tremper comme nous sommes, nous allons vite nous refroidir et la reprise va être glaciale d’autant qu’il pleut toujours. Ne parvenant pas à me réchauffer, j’accélère pour faire tourner les jambes et me réchauffer. Les 100kilomètres sont passés, je me dis que maintenant en terme de distance, c’est déjà pas mal et qu’il ne reste plus qu’à finir ! Mais je commence à appréhender de plus en plus chaque secteur pavé ! Mais pas cette fois l’appréhension ne vient pas de la peur de casser mais de la douleur dans les bras. Ça tremble, ça vibre, c’est horrible, et plus ça va plus je ralentis, je descends à 12km/h sur les pavés ! Mais je vais alors me rendre compte avec la fatigue que le pire n’est pas d’être sur les pavés, car malgré tout on s’habitue. Non le pire c’est les 15m premiers mètres de goudron en sortie de pavé ! Car j’ai l’impression que mes bras et doigts vibrent tout seul et j’ai surtout l’impression de ressentir encore plus la douleur !!
Heureusement alors que la fatigue va se faire ressentir, le soleil va revenir. Ça réchauffe et surtout ça sèche un peu les pavés ! L’allure repart de plus belle et on espère alors arriver sous le soleil à Roubaix et sans casse. Les kilomètres continuent à s’enchainer et je commence à prendre confiance sur les pavés ….bref les sections passent et je me mets à chantonner et siffler sur les pavés histoire de les « avaler » plus sereinement…Nous rentrons alors dans le 21ème secteur pavé, et là c’est incroyable tours le 200m un concurrent crève et s’arrête pour réparer. C’est surement sur cette section que l’on verra le plus de cyclo sur le coté de la route. Et forcément c’est alors qu’à 500m de la fin de cette section pavée, je commence à ressentir fortement t les pavés sous mes fesses. Je m’arrête et touchant le pneu arrière, je me rends compte que moi aussi je suis crevé ! Heureusement qu’à ce moment mon père est derrière moi. Plus habitués que moi à réparer, il va vite retirer la chambre à air et en remettre une autre ! Merci ! On regonfle et on repart, mais cette aventure va me faire à nouveau ralentir alors que j’avais trouvé un bon rythme sur les pavés ! La section se termine et nous reprenons la route. Pchiiiiittt, pchiiiiitt, c’est soudain le bruit que j’entends venant de l’avant du vélo. Je m’arrête et me rends compte que cette fois-ci c’est à l’avant que je suis crevé ! 2 crevaisons en 1 kilomètre, pas de chance et ça énerve un peu…est ce que c’est le début des embêtements ? On répare rapidement puis on repart on espérant ne pas crever de nouveau…
Nous continuons, mais la fatigue grandit et je commence à en avoir marre des pavés… De plus il pleut pour la 3eme fois et c’est encore le déluge ! Les pavés sont à nouveau glissants et les douleurs sont vives, et je ne sais plus comment tenir mon guidon ! Je regarde le compteur et me remotive en voyant qu’il ne reste plus que 30kilomètres ! Nous arrivons au dernier point de contrôle. On se ravitaille bien et on mange du salé, car le sucré commence à nous saturer. Nous faisons aussi un tour du coté du mécano de l’organisation, car le vélo est dans un piteux état et la chaîne et toute « sèche » ! Un bon coup d’huile et c’est parti pour les 25 derniers kilomètres et surtout la section pavé la plus dure, celle du fameux carrefour de l’arbre !! Une fois cette section passée, c’est le soulagement ! Il ne reste que 12km et 3 secteurs pavés moins difficiles ! Nous arrivons alors vers 15h50 à Roubaix en direction du vélodrome pour le dernier tour avant la fin de l’épreuve. Et nous en terminons enfin ! Un grand soulagement et une grande joie d’avoir fini sans casse !
Comme je dirai après, le plus fatiguant n’est pas la distance mais les pavés !! Maintenant c’est ravitaillement, tampon de l’arrivée pour valider la course et retour chez soi !
Un grand Bravo et Merci aux organisateurs!!! Car c'est une organisation impressionnante et des bénévoles très agréables!!!
Merci à Maman pour nous avoir assistés et pour les photos et Merci à mon père pour m’avoir proposés cette rando ! A y repenser ça donne envie d’en faire d’autres….
la vidéo des photos :
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